Stéphanie Bowring, assistante parlementaire à l’Assemblée nationale en France pendant 10 ans, franco-canadienne, connaît bien la réalité de l’expatriation. Candidate aux législatives avec l’étiquette du PRG, elle a bien voulu se prêter à l’exercice et répondre à nos questions à son tour.
QC2012 : Mme Bowring, alors que la candidate du PS Corinne Narassiguin est annoncée avec un excellent score (plus de 30%) au premier tour, de votre côté quels sont vos objectifs ? Vous posez-vous en adversaire de la candidate du PS ?
Stéphanie Bowring : Je me pose avant tout en candidate de choix pour les électeurs. Il est vrai que je n’ai pas eu des conditions optimales pour faire une campagne suffisante, mais, outre ma double culture franco-canadienne et mon expérience de 10 ans au Parlement français, je suis une personne intellectuellement honnête, altruiste, convaincante qui représenterait dignement et efficacement les Français vivant au Canada et aux Etats-Unis.
QC2012 : Vous avez présenté votre expérience et votre connaissance de l’Assemblée nationale comme un avantage pour votre candidature. Mais vous avez collaboré avec des élus de droite (UMP). Ne croyez-vous pas que cette situation ne vous prive pas du vote des électeurs de gauche, qu’ils pensent que vous êtes candidate par opportunisme et pas par conviction ?
SB : Je n’étais pas encartée à l’UMP, je travaillais pour le sénateur de Sain-Pierre-et-Miquelon, qui a rejoint le groupe des radicaux du Sénat en 2010. Ma principale conviction c’est l’intérêt général. Si une bonne idée vient du Front de Gauche, je la défendrai. Si elle vient de l’UMP, je la défendrai aussi. Le PRG est un parti du centre Gauche. Je suis donc une candidate de la majorité (le PRG a soutenu François Hollande et nous avons une ministre PRG au gouvernement), avec une certaine liberté de penser en plus.
QC2012 : Si vous êtes élue, quelles seront vos deux priorités pour la première circonscription d’Amérique du Nord ? Et pourquoi celles-là ?
SB : Outre le fait de voter les lois en veillant aux intérêts de la France et de tous les Français, mes deux priorités seront l’Education et le rayonnement de la culture française en Amérique du Nord, ainsi que le soutien à l’emploi et à l’entreprenariat. Concernant l’éducation et la culture, il faut diversifier l’offre afin qu’une majorité de Français puissent accèder à l’enseignement français et/ou la langue et la culture françaises. Les demandes sont très variables d’une famille à l’autre, certains Français étant de passage, tandis que d’autres sont installés de manière durable. La nécessité de rester dans le système français n’est pas ressentie par tous, d’où le fait de diversifier et l’offre. Je serai entre autres attentive à disponibilité et la qualité de programmation des chaînes françaises en Amérique du Nord afin que les Français et leurs enfants, ainsi que les Francofiles, puissent s’imprégner le plus possible de la langue et de la culture françaises.
Pour ce qui de l’emploi et de l’entreprenariat, un soutien doit être apporté pour faciliter l’obention de permis de travail, ainsi que la création d’ateliers de formation, pour les conjoints mais aussi les binationaux sans activité. Les dispositifs d’aide à la création et au développement d’entreprises proposés par UBIFRANCE et les Chambres de Commerce et d’Industrie françaises doivent être simplifiés et améliorés.
QC2012 : Sur le groupe Facebook traitant de la première circonscription des Français de l’Etranger, vous avez assumé le fait que le PRG présentait des candidates femmes uniquement dans les circonscriptions ingagnables à l’étranger pour pouvoir remplir les conditions de remboursement des frais de campagne. Avons-nous bien compris votre déclaration ? Si oui, ne croyez-vous pas là encore que ce soit une approche de politique traditionnelle, voire politicienne qui n’aille pas à l’encontre de ce que souhaitent les électeurs ?
SB : Je n’ai jamais parlé de circonscription ingagnable. Et il ne s’agit pas des remboursements des frais de campagne qui le sont pour tout candidat remportant 5% des votes, mais de la pénalité pour non respect de la loi sur la parité. Le PRG a en effet jugé judicieux de profiter de cette première élection législative des Français de l’étranger pour ne présenter que des femmes, lui permettant d’atteindre les objectifs de parité sans que ce soit au détriment d’hommes sortants de qualité, étant donné qu’il n’y a pas de sortants. Le PRG a ses objectifs, j’ai mes convictions. Le PRG étant un parti socialement responsable et réaliste, je m’y suis retrouvée et donc j’ai acceptée l’investiture.
QC2012 : Si la circonscription législative Amérique du Nord est hétérogène, force est de constater que le Québec forme un espace à part : forte concentration de Français, tissu associatif dense, milieu de vie en Français et réalité économique très diverse avec des Français qui ont des niveaux de vie parfois très bas. Comment envisageriez-vous le Québec et sa réalité bien différente si vous étiez élue député ?
SB : Sans pour autant me subsituer ni aux autorités canadiennes, ni aux élus de l’Assemblée des Français de l’étranger, j’interviendrai plus sur le soutien à l’emploi et à l’entreprenariat, et moins sur l’enseignement de la langue française, tout en veillant à ce que les lycées français soient accessibles, notamment pour les Français en détachement, et que les universités québecoises restent abordables. Je veillerai également à faire respecter les droits des ressortissant français (la garde d’enfants en cas de séparation par exemple), car le gouvernement canadien peut être intraitable quand il s’agit de défendre ses propres ressortissants.